15 mars 2020

Nous récupérons Bruno à St-Ju à 8h30 pour une sortie en S5… Je reste sur mes gardes, mais suivant le topo, ça devrait aller, passage à 45°. Par contre avec la neige comme elle était hier, ça peut être compliqué.

Nous arrivons sur le parking de Comburce et partons skis sur le sac, pour… un bon moment. En effet, nous suivons la crête en forêt et chaussons pour un court moment en sortie de forêt, vers 1500 m, directement avec les couteaux. Le couloir débute à 1600 m, et nous passons rapidement aux crampons, étant donné la coulée d’avalanche et le couloir qui va en se rétrécissant. La neige est facilement cramponnable et remonter ce couloir à 45° ne pose pas de problème technique. Par contre, avec la chaleur, c’est physique et il faut alterner montée de face, qui sollicite fortement les mollets, et de côté, qui permet de faire mordre l’extérieur des crampons.

Presqu’en sortie de ce couloir, au drôle nom de « Chauchefoin », une brèche s’ouvre sur la gauche vue d’ici, c’est très impressionnant. En fait, il s’agit d’un autre couloir : « Couillu à Bordel », aussi à 45 mais beaucoup plus étroit. Encore quelques dizaines de mètres et me voilà au sommet de ce couloir de 500 m de dénivelé. Je me retourne et réalise à quel point le décor est impressionnant. La pente que je viens de remonter est surplombée rive droite d’une falaise verticale, dont la couleur chaude contraste avec le blanc de la neige. De l’autre côté, le vide, qui donne sur la combe Foiroux.

Pour basculer dans cette combe, il faut passer une toute petite crête, et nous arrivons dans la neige où nous chaussons enfin !
Mais pas pour longtemps… Il fait tellement chaud que la neige est devenue soupe, et le ski aval dérape sans arrêt. Nous remettons les skis sur le sac et continuons à pied, bizarrement, on ne s’enfonce pas du tout. Puis, peu avant le col, la pente diminuant, on peut de nouveau chausser. Au col, rebelote skis sur le dos, pour l’ascension finale. Il y a du vent, pas froid, rafraîchissant. Je pense que c’est le venturi, mais non, il est présent jusqu’au sommet, qu’on rejoint donc à pieds. Il est marqué d’une sorte de pyramide à 4 côtés. Malgré tout, ça souffle, on ne s’attarde pas, et on rebrousse chemin pour chausser. La pente est à 45, et la neige dure mais pas glacée.

Plus bas, de la neige de printemps très agréable. Nous descendons par la combe Foiroux, le couloir dans son état actuel ne présentant aucun intérêt (gelé et rempli de blocs d’avalanche). Le cheminement est aisé. Il faut simplement faire attention aux barres rocheuses qui verrouillent le bas de la combe. Nous trouvons le seul passage en rive gauche. Du fait du peu de neige, il nous faut déchausser pour quelques mètres, je passe en toboggan la main gauche sur un sapin, la droite sur le piolet. La suite nous permet de descendre jusqu’à ce que nous ne trouvions plus de neige, une centaine de mètres au-dessus du parking.

Très chouette sortie, malgré les mille mètres de portage !