8 au 11 février 2019

J1 – Cascata suisse II/3 250 m

Rdv à 6h45 sur le parking, où Yves, malade, nous annonce qu’il ne vient pas, on se retrouve donc à 6 grimpeurs (Patrice, Laurent, Mickaël, Vincent et nous deux) plus la femme de Vincent, Véro.

Direction Chamois, dans le Valtournenche, seul village d’Italie interdit à la circulation.

Nous arrivons sur le parking du téléphérique, à Buisson. En voiture, j’ai repéré qu’il fallait mieux grimper d’abord, puis aller au refuge ensuite. C’est ce que nous faisons. Nous sommes donc parés à 10h30, tandis que Véro part faire du ski à Cervinia. Après 150 m de montée, nous atteignons le pied de la cascade, repérée depuis le village. Je pars en tête. Premier relais sur un échelle plantée dans du béton au niveau d’une retenue d’eau. Miche continue, longueur facile. C’est à moi ensuite, pour une longueur assez facile avec un petit ressaut. Relais sur un petit arbre couché. Un peu de marche ensuite, pour rejoindre le pied du dernier grand ressaut, dans lequel je me jette à l’eau. Partie la plus difficile, de la cascade, mais aussi pour moi, première longueur en tête de ce niveau. Je suis très contente de l’avoir passée, d’autant qu’elle était longue. Je veux faire relais sur un gros rocher, mais je n’ai qu’une sangle de 120, et j’ai peut qu’elle saute. Alors je monte plus loin sur un gros arbre couché. Entre temps, je monte sur une glace trop fragile et mon pied passe a travers jusque dans l’eau. J’en ressors vite mais mes gants retirés se sont remplis de neige. Pas grave, j’en ai d’autres que je mettrai plus tard. Miche monte et on entame les rappels. Les deux premiers sur Abalakoff, déjà préparés par les autres. Le troisième sur arbre et le dernier sur l’échelle. La glace percée par endroits laisse apparaître l’eau qui coule. La corde s’y plonge un petit peu à un endroit, sans conséquences. Pied de la cascade à 15h30, retour au parking, récupération de nos bagages, et embarquement dans le téléphérique « il funivia » direction Chamois, 12 € aller-retour, on n’est pas à Chamonix… Magnifique village de Chamois. Nous devons encore rejoindre le refuge, un peu à travers champ, avec nos bagages… 20 minutes plus tard, nous arrivons à 1927 m, en même temps que la gardienne et son fils dans la luge. Come ti chiama ? lui demandé-je. Xavier. Aussitôt, il vient vers moi les mains tendues, pour que je les lui réchauffe. Ensuite il ne me quitte plus, veut me montrer tout. Trop mignon p’tit bout de chou de 4 ans, avec qui j’essaie de parler italien. Il revient me voir tout au long de la soirée avec son Barba Blu. La douche fait du bien, et de boire aussi ! Je goûte une boisson à l’orange. L’accueil est vraiment très bon. Et Antoine le gardien nous renseigne très bien sur les conditions.

J2 – Sorgente del falco II/4 200 m

Départ à 9h du refuge, en direction du nord dans la forêt, en suivant un petit chemin, descendant. Le vide est omniprésent côté vallée, sur terrain enneigé et gelé, ça donne le ton. On atteint le pied de la cascade après une heure de marche, au départ du chemin. Déjà deux cordées de deux sont engagés. La cascade est très belle vue du bas, déjà. Je pars en tête dans la première longueur, soutenue, continue, un bon 3+, plus difficile qu’hier. 60 m plus haut, je rejoins Laurent et utilise son relais sur broches. Il ne fait vraiment pas froid. Le paysage est magnifique, la cascade aussi. Les formes et couleurs de la roche n’ont rien à leur envier. Miche part en tête dans la deuxième longueur dont les 10 premiers mètres sont verticaux. Heureusement, le crochetage est possible. Malgré tout, ça n’a pas l’air facile. À mon tour, effectivement, c’est assez difficile. Mais ça passe bien, le plus difficile est de débrocher et de jongler avec la corde de Vincent. Après le rétablissement, c’est beaucoup plus facile. La 3e longueur est une transition arboricole. Du ruisseling, en passant au-dessus et en-dessous des branches. La longueur doit faire 70 m, je pars corde tendue. Relais très confortable, plat et sur arbre. Laurent et Mickaël sont dans la dernière longueur. Patrice et Vincent arrivent juste derrière et font relais sur un autre arbre. Cette partie est la plis belle. Sur le droite, un pilier est en formation, avec la stalactite qui alimente en eau la stalagmite. Notre itinéraire oblique à gauche en un joli cheminent sinueux. Cette dernière longueur est aussi d’un bon niveau. Sortie par le haut après 4h dans la cascade. On suit les traces qui partent à droite, descendantes. Il faut garder les crampons, ca descend raide dans la neige glacée. Jusqu’à rejoindre le chemin du matin. Plus qu’à remonter tranquillement. La montée se fait bien sentir, mais le refuge est finalement vite rejoint. Nous retrouvons Véro qui est également très contente de sa journée, et qui nous accueille avec des bugnes de Chamois. Après une bonne douche et beaucoup d’eau bue, une petite séance d’affûtage de piolets. Ce soir nous ne sommes pas seuls au refuge, loin de là. Des familles avec une quinzaine de jeunes. Repas bruyant… Mais très bon.

J3 – Brinata turchese III/4 150 m

Aujourd’hui nous allons de l’autre côté de la vallée, ce qui nécessite de prendre le téléphérique. Nous attrappons celui de 9h30. En attendant, je vais voir le cadran sur l’église, l’éclairage publique à diodes qui a l’air pas mal, et le gros rocher gravé d’un edelweiss et d’un chamois. À Buisson, nous reprenons la voiture pour les quelques kilomètres qui nous séparent d’Ussin, d’où nous partons. Traversée à travers la forêt, jusqu’à rejoindre le lit du torrent. Au début, le chemin est évident, tracé, mais très rapidement, plus rien. Nous allons donc à l’estime un moment, jusqu’à retrouver un semblant de chemin qui n’a pas été pratiqué depuis un moment. Démarre une partie d’accrobranches. Ça s’annonce déjà plus long que les 45 minutes annoncées dans le topo. On finit par atteindre le lit du torrent, rempli de rochers de toutes tailles, de neige et de glace imbriqués en de joyeux tas informes. La montée, déjà peu commode, se corse. Nous continuons d’avancer tant bien que mal, mais c’est très exposé, pas le droit à l’erreur. On sort les piolets, puis un peu plus loin les crampons. Pas beaucoup mieux sur les rochers lisses recouverts de neige… Mais bientôt, la glace apparaît et on se retrouve dans du ruisseling, toujours dans la marche d’approche… donc pas encordés. C’est facile, mais il faut être très vigilant car maintenant, le toboggan fait 200 m de long… Quelques pas plus difficiles, finalement on atteint le pied de la cascade à proprement parler. 1h45 depuis la voiture, mes gants sont à essorer depuis une bonne heure. Je pense avoir le temps de me changer, mais Laurent me propose d’enchaîner sur la première longueur. Du coup, j’y vais immédiatement, en ne prenant que 4 broches car c’est juste pour faire la partie facile, deux pour grimper et deux pour le relais. Je ne suis pas sûre de jusqu’où Laurent veut que j’aille, et eu final, c’était jusqu’en haut de la partie la plus facile, si j’avais su, j’aurais pris une ou deux broches supplémentaires… Je suis dans un goulet tout étroit, 1 à 2 m de large, la grimpe en elle-même est facile mais la qualité de la glace est médiocre par endroits. Des passages entiers de plaques : une couche de glace sur une couche de neige, et dessous le rocher tout lisse. Je monte sur des œufs, je ne dois pas faire partir toute la plaque. C’est donc un peu stressant. D’autant que j’ai déjà placé deux broches, et a priori les deux restantes sont pour le relais. Tant pis, je suis déjà 8-10 m au-dessus de ma dernière broche, j’en mets une troisième et j’improviserai pour le relais. J’ai bien fait, il reste encore 10 m, je passe sous des stalactites et me fait rincer au passage. J’arrive au pied du mur suivant, Laurent me crie que je suis en bout de corde, 60 m donc. Je suis de nouveau sur une plaque pourrie, mais la glace du ressaut suivant est bonne. J’y place ma dernière broche, et en guise de deuxième point, je plante mon piolet et fais une tête d’alouette. Le relais n’est pas confort du tout sur cette plaque. Laurent et Mickaël viennent. Entre temps, Patrice arrive en tête de sa cordée, et va faire relais juste 1m au dessus à gauche, de sorte que ses cordes me passent dans le cou… relais vraiment pas confort… Il est d’ailleurs du même avis. Et nous voilà tous les six au relais. Laurent prend la suite, Mickaël n’est pas super confiant et veut éviter la longueur par le côté. La longueur est bien verticale. Laurent passe bien. Je monte en second, en laissant les broches en place pour Patrice. Arrivée en haut, je constate que l’idée de Mickaël n’est pas du tout sûre, il n’y aurait pas moyen de l’assurer, trop désaxé. On le convaint de monter, on va l’aider. On prépare donc un mariner simple, et on le moufle ainsi. Ce relais, est bien confort. Laurent repart pour la longueur suivante bien plus facile, je l’assure tandis que Mickaël s’occupe du thé. Patrice nous a rejoint et fait venir ses seconds. Laurent a déjà placé une broche, il place la deuxième mais on ne le voit plus. Soudain, je vois Laurent en pleine chute déjà sous son dernier point, il passe sur le dos très proche d’un rocher, continue à glisser et s’arrête deux mètres au-dessus du ressaut précédent. Au relais, je n’ai pas senti de choc, tout a été amorti par Laurent et sa broche. Pendant une demi-seconde, je vois que Laurent bouche et je me demande comment il a fait pour déjà avoir eu le temps et la présence d’esprit d’accrocher sa vache à son piolet pour éviter qu’il tombe plus bas. Mais dans les deux secondes suivantes je réalise ce qu’il s’est passé : Laurent était vaché sur son piolet pour brocher, et le piolet a sauté, dans cette partie inclinée. Rapidement, moins d’une minute, on est rassuré, rien de cassé a priori, il se relève et a juste mal aux côtes. Hors de question de continuer, d’autant que la quatrième et dernière longueur est raide et peut-être même impraticable car trop fragile. On est sur relais fixe, on décide de descendre ici. J’installe le rappel et descend la première tandis que Miche va récupérer les broches laissées par Laurent. Un doliprane, une pâte de fruits, du thé pour notre blessé qui nous a fait plus de peur que de mal. Mais la descente est loin d’être simple. Dans mon rappel, je décroche, plus ou moins volontairement, un bloc d’au moins 200 kg, disons que j’étais sur les gardes par rapport à ces énormes stalactites. Mieux vaut les faire tomber tant qu’on est encore au-dessus… Il s’arrête sur une petite plateforme. J’atteins le bas des difficultés, les autres viennent. Une toute légère neige se met à tomber. On enchaine les relais car descendre dans ce terrain n’est ni rapide, ni facile, ni sécurisé… Rappel sur arbre, je repars la première, avec le dénouillage que cela suppose, surtout sur un sol incliné, avec des rochers qui dépassent… le troisième rappel sera sur Abalakoff, mon premier. Sauf qu’un des trous, vertical, se bouche de neige, je n’arrive pas à passer la corde. Pendant ce temps, Mickaël descends et décroche un bloc de la taille d’un ballon de basket. On a juste le temps de se mettre plus ou moins à l’abri, le bloc passe au-dessus de mon abalakov… J’y retourne, mais pour ne pas perdre de temps, on descend sur deux broches et on laisse aux suivants le soin d’installer l’abalakov. Ensuite, il reste le petit ressaut délicat. On d’avance déjà d’une trentaine de mètres pour atteindre le passage en question. Mickaël et Laurent sont déjà sur place et ont installé un brin autour d’un gros rocher. Pendant ce temps, je love l’autre brin et les rejoins. Je descends ce dernier rappel. On range les cordes et on a encore un bon bout délicat à descendre sur les pierres. Puis le chemin dans la forêt. Laurent a mal à la côte, il pense qu’elle est cassée. Il a malgré tout réussi a descendre assez bien. On arrive à la voiture à 16h30. On décide d’aller au centre traumatologique de Cervinia pour avoir un avis médical. Il neige de plus en plus et ça tient déjà sur la route. Le médecin prend Laurent à 17h07. Finalement, rien de cassé apparemment. Ouf ! La neige s’accumule toujours, on passe regonfler le pneu dégonflé repéré ce matin à la station. Depuis le retour à la voiture, j’ai froid car tous mes vêtements sont humides. C’est dans ma première longueur que j’ai ramassé le plus d’eau, pantalon, manches. Sans parler des stalactites qui me coulaient sur le dos… On rentre donc à Buisson tout doucement car la neige est bien présente, ça descend bien. Certains ont chaîné. Arrivé au téléph, on charge la voiture avec le matériel de grimpe qui n’a pas besoin de retourner au refuge. Benne de 18h30. Marche dans le village sous la neige pour enfin, rallier le refuge à 19h. La douche tant attendue.
Le lendemain, Laurent va comme la veille. Miche étant aussi un peu blessé à la cheville, Vincent ayant prévu de faire du ski avec Véro, il ne reste plus que Patrice, Mickaël et moi… la seule motivée. Les 15 cm de neige tombés cette nuit aidant, décision est prise d’annuler la dernière journée, on rentre donc un peu plus tôt que prévu. Un peu déçue mais contente malgré tout d’avoir pu grimper en tête dans ma limite ou presque, une bonne progression par rapport à l’année passée.

De retour à Genève, on apprend que finalement, Laurent a trois côtes cassées, et un épanchement à surveiller.

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